Le terme « commun numérique de connaissance » (digital knowledge common en anglais) s’est diffusé dans la recherche et chez les praticiens du numérique pour décrire les projets de production collective de connaissance en ligne.
Ce terme fait implicitement référence aux travaux d’Ostrom & Ostrom, soulignant la capacité de ces projets à organiser et gérer une action collective. Pourtant, la production de connaissance, ressource a priori non rivale, est assez éloignée des activités portées par les projets classiques de gestion de ressources rares (et surtout rivales), où la régulation de l’accès et de l’exploitation des ressources est au cœur du fonctionnement de ces collectifs.
En précisant mieux ce qu’est la ressource partagée, et en quoi cette ressource est limitée, à l’aide de trois exemples d’action collective en ligne (Debian (ou un autre groupe logiciel libre), Georezo, Wikipedia), nous montrons, Karine Roudaut et moi, d’abord pourquoi des mécanismes de régulation d’accès à la ressource sont utiles, et acceptés par les participants, comme condition nécessaire d’accès à la ressource partagée. En cela, les mécanismes de fonctionnement des actions collectives en ligne paraissent similaires à ceux analysés dans la gestion de l’accès à des ressources classiques, physiques, telles qu’étudiées par E. Ostrom. Nous soulignons ainsi que l’on peut en effet parler de « ressource commune numérique » et donc de « commun numérique de connaissance », et que le cœur de l’analyse de tels collectifs doit être, comme pour les communs classiques, les mécanismes de régulation de l’accès et de l’exploitation de cette ressource, pour comprendre comment, et pourquoi, ces collectifs fonctionnent.
Lien vers une version de l’article accepté dans la revue Innovations